Les dununs pour les puristes ! Ils appartiennent à la famille des membranophones pour les vitrines du Musée de l'Homme et les musicologues avertis qui y voient un support creux tendu d'une membrane frappée d'une batte…
La tradition musicale guinéenne incarnée par le Ballet national de Guinée (capitale : Conakry, deuxième producteur mondial de bauxite et 161ème rang sur 174 pour son développement) et ses illustres solistes utilisent généralement trois tambours cylindriques : le dunumba et le sangban produisent des sons graves, le kenkeni un son plus aigu. C'est le plus petit des trois tambours, le plus léger aussi, parfois porté à l'épaule par une sangle de tissus.
D'un diamètre variant entre 25 et 60 cm environ, les fûts sont en bois, parfois en métal de récupération, et sont munis de peaux épaisses de veau ou de chèvre à leurs deux ouvertures. Les peaux sont maintenues par un cerclage de fer et reliées par un tressage de cordes de nylon.
Socle rythmique sur lequel se posent les djembés d'accompagnement et les phrases du soliste, les trois doundouns sont fréquemment disposés à l'arrière des autres percussionnistes à un emplacement bien connu des batteurs de hard-rock. Les fûts sont posés à même le sol pour les plus volumineux ou plus souvent montés sur un support ; dans les ballets et pour certains morceaux, ils sont disposés en batterie, posés verticalement sur la scène. Quand on ne compte que deux batteurs, le kenkeni est fixé sur le dunumba : un des deux musiciens utilise alors une palette sonore plus riche, l'autre joue le sangban.
Les doundouns sont frappés d'un côté au centre de la peau à l'aide d'un bâton droit. La frappe toujours vigoureuse permet deux sons, un son " fermé " par une frappe appuyée ou plaquée et un son " ouvert " par une frappe rebondie.
Sur les trois fûts, est disposée une cloche kenken, en métal, sans son grelot intérieur. De taille variée, elle est frappée d'une main au moyen d'une tige de fer qui peut être avantageusement remplacée par un tournevis, une clé de 12 ou un décapsuleur ! La cloche kenken est parfois remplacée par un kariyan, un tube en métal strié de rainures, d'encoches permettant par grattage de produire un raclement comparable à celui obtenu par le guiro cubain.
Les différentes formules rythmiques associent une pulsation faite d'une main sur la kenken et des frappes appuyées ou non sur la peau. Pour les danseurs et le solistes, les phrases des doundouns constituent des repères indispensables. Elles fournissent en se combinant une polyrythmie souvent délicate à mettre en place et constitue la toile de fond des principaux thèmes guinéens ou maliens. Ainsi le dunumba, instrument puissant s'il en est, a-t-il donné son nom à un rythme ternaire de Haute-Guinée. Si chaque formule rythmique semble à première vue simple à exécuter, la mise en place, l'équilibre et l'imbrication entre les trois postes exigent un long travail et une écoute permanente de l'autre.
Le groupe des doundouns réagit comme les djembés aux appels et aux blocages lancés par le soliste ou le premier djembé d'accompagnement. Il renforce en outre les passages et les breaks joués à l'unisson par les djembés et se permet, quand il est en verve, des soli du feu de Dieu !
Parmi les percussions d'accompagnement, nous utilisons le yabara, un idiophone originaire de Guinée formée d'une calebasse évidée et entourée d'un filet de perles en bois. Le hochet est tenu d'une main par l'extrémité arrondie de la calebasse, le filet agrippé de l'autre main et c'est la torsion de l'un dans l'autre qui produit le son sec.
" Tchikk ! Tchikk ! ! 'Oumh ! ! " C'est assez physique ! Particulièrement pendant les " chauffés " lorsque le cadencé du soliste emballe le rythme.
Nous lui préférons parfois le son plus puissant du shékéré afro-cubain : la calebasse est en matière plastique, le filet plus serré. Il faut imprimer un mouvement de va-et-vient au hochet dont le col est posé sur l'angle formé du pouce et de l'index d'une main. La paume de l'autre main percute le fond de l'instrument en produisant un son grave. Euh ? ! Vous suivez ? Cà fait " chikk ! chikk ! ! 'oummm ! " Sans faire déshonneur à la tradition mandingue, c'est plus reposant que le yabara !
Enfin, les cloches doubles en métal provenant du Togo. La tôle martelée produit un son très puissant, " Khong, khing ! " très apprécié quand nous jouons en plein air. Les deux chambres de 15 et de 25 cm. de longueur sont reliées à un poignée. Elles sont frappées par un battant en bois d'arbre. Ce type de cloches se retrouve dans la musique brésilienne sous l'appellation de cloches agogo et sont frappées d'une tige en fer.
Voilà, vous savez tout ou presque. Place au djembé !
Par le timbre et la puissance sonore, par la gestuelle qui l'accompagne, le djembé ou jembé est la percussion la plus connue du continent africain. Apparu chez les Malinkés en Guinée, il s'est répandu dans toute l'Afrique de l'ouest pour connaître depuis une grosse décennie une notoriété internationale.
Le djembé se rattache à l'histoire de l'empire du Mali, ce vaste empire formé au XIIIème siècle par Soundiata Keita qui régna de 1230 à 1255 au moment où Saint Louis baguenaudait sous son chêne à Vincennes et trucidait Albigeois, vassaux et pastoureaux. La saga de Soundiata est rapportée depuis par le chant des griots : son arrivée mouvementée au pouvoir (ses émules ne manquent pas depuis dans la région !), les intrigues de cour, les guerres. Il se proclame empereur, reçoit le soutien de Moscou et installe sa capitale au nord du Fouta Jalon, en Guinée actuelle, dans le village de Niami qui prit alors le nom de Mali. Comme l'empire du Ghana qu'il a remplacé, l'empire du Mali est doté d'un appareil d'Etat islamisé (Les Berbères Almoravides étaient passés par là au XIème siècle) dominant un lumpenprolétariat paysan encore largement animiste. La société d'alors est organisée en castes, nobles, artisans et esclaves, eux-mêmes divisés en clans voués à des fonctions héréditaires : combattre, produire et accomplir les travaux pénibles. L'empire du Mali connaît son apogée sous le règne de Kankou Moussa entre 1342 et 1360. Des rives de l'Atlantique à la boucle du Niger, du Sahel aux lisières des forêts denses, l'empire s'enrichit du commerce transsaharien, du trafic de l'or, des esclaves razziés plus au sud, du sel et des kalachnikovs, de la culture du coton aussi, donnant naissance et puissance aux cités caravanières de Djenné, Gao et Tombouctou. L'empire se désagrège pourtant dans la seconde moitié du XVIème siècle sous l'impact de guerres intestines et de l'émancipation des peuples vassaux armés par Kadhafi et soutenus par le Hezbollah pro-iranien. Le prestige de l'empire du Mali est tel que les dirigeants politiques contemporains de l'indépendance en 1960 donnèrent son nom au nouvel Etat issu de la République de Soudan français et reprirent à leur compte les usages politiques de Soundiata, socialisme scientifique et parti unique. Quand le griot accorde sa kora, ce sont les gestes des héros, les communiqués du congrès du Parti parfois, les chroniques guerrières qu'il rapporte… Quand le djembé parle, c'est cette histoire qu'il raconte. |
Le djembé est un tambour à membrane dont la forme rappelle celle d'un gobelet ou d'un calice. Il devrait sa forme évasée à celle du mortier à piler le mil en usage dans les campagnes d'Afrique de l'ouest.
Fabriqué traditionnellement par les forgerons, les spécialistes du travail du métal et du bois, l'instrument est composé d'une seule pièce dans le tronc d'un arbre évidée. La partie supérieure, large et évasée, forme la caisse de résonance et est recouverte d'une peau tannée et rasée de chèvre ou d'antilope. Le système de tension de la peau est réalisé comme pour les doundouns par un tressage de cordes en nylon monté sur deux cerclages en métal. La partie inférieure forme un pied légèrement évasé d'un diamètre d'environ 20 à 25 cm au sol. La hauteur moyenne d'un djembé est d'environ 50, 60 cm., son diamètre, 35 cm. Les fûts sont creusés à l'herminette dans des bois africains particulièrement denses comme le teck, l'iroko, plus foncé, ou encore le linké ou l'acacia. Pour le protéger de l'humidité et éviter fissures et déformations, le tronc est enduit de beurre de karité ou d'huile de lin. Minutieusement poncés, les troncs sont souvent décorés de frises géométriques, parfois ornementés de clous de laitons. La " voix " du tambour est enfin ornementée, prolongée par le tintement de sonnailles. Il s'agit de plaques métalliques disposées sur le bord supérieur de la caisse. Faites en fer blanc de boites de conserve, les plaques sont percés de petits anneaux qui entrent en vibration avec le jeu du tambourinaire.
Le joueur de djembé ou tambourinaire doit d'abord maîtriser les différents sons de l'instrument. Citons un court extrait de la méthode du tambour djembé réalisée par Serge Blanc : " Une " belle " frappe est obtenue par en respectant un parfait équilibre entre puissance et souplesse ".
La peau du tambour est toujours frappée à mains nues. A l'écoute des percussionnistes réputés, on repère trois sons principaux :
- une note tonique obtenue en frappant le bord de la peau avec les doigts joints.
- une note claquée obtenue au même endroit ou la main légèrement avancée, les doigts un peu desserrés.
- une note basse jouée au centre de la peau par la main à plat.
- Des bricoles maintenant, des fioritures qui donnent aux rythmes leur cadencé, des notes intermédiaires jouées du bout des doigts : ils maintiennent une continuité entre les notes frappées plus fortement, fournissent un phrasé particulièrement dansant.
Appel : prre pe-pe pe pe-pe pe pe!